La sécession, un interdit de principe? L'exemple de la guerre de Sécession américaine
Le droit international, on l'a bien dit, il interdit le principe de la sécession car contraire à l'intégrité territoriale d'un État. un peuple ne pourra donc pas se séparer d'un État dont les frontières sont bien établies si il 'est pas sous le joug de la soumission ou de la domination.
Toutefois, la réalité historique est bien différente. Le droit doit prendre acte d'événements sécessionnistes qui, malgré l'interdiction, ont bien existé et fondé un État. Et cela soit très anciennement que récemment.
Aujourd'hui, nous allons faire un rappel sur celle qu'on a appelé même "guerre de Sécession", comme si elle était la mère des sécessions, le point de départ en faveur d'une liberté populaire: la guerre de Sécession américaine à partir de 1861.
Cette guerre, plus communément appelée en Amérique du Nord «Civil War» (guerre civile) a déchiré les États-Unis pendant 4 ans et fait des milliers de morts dans les tranchées, soit bien davantage qu'aucune autre des guerres qui ont impliqué le pays, y compris les deux guerres mondiales.
Elle a abouti à l'abolition de l'esclavage, la consolidation des institutions américaines... et la ruine du Sud.
Les causes profondes du conflit résident dans l'opposition entre le Sud esclavagiste et le Nord industriel du pays.
Le 20 décembre 1860, en réaction à l'élection d'Abraham Lincoln à la présidence des États-Unis, la Caroline du Sud fait sécession. Avec dix autres États esclavagistes du Sud, elle constitue peu après une «Confédération des États d'Amérique» (Confederate States of America), avec pour président Jefferson Davis et pour capitale Richmond (Virginie).
Le 15 avril 1861, après un premier assaut des forces confédérées contre un fort dépendant du gouvernement fédéral, le président Lincoln lance un appel aux armes.
Dès le début, les Confédérés bénéficient du ralliement d'excellents officiers, issus de l'aristocratie des planteurs. Ces hommes ont le sentiment de défendre leur terre et leur culture et offrent peu de prise aux interférences politiques.
Mais en face, l'Union dispose d'une confortable supériorité : 22 millions d'habitants contre 9 millions au Sud (dont 3,7 millions d'esclaves noirs), un budget militaire et des effectifs deux fois plus élevés, un équipement industriel et un réseau de transports développés, une marine puissante.
Le tournant de la guerre se joue sur le champ de bataille de Gettysburg, les 1er-3 juillet 1863. L'Union perd pendant ces trois jours 23.000 hommes (tués, blessés ou capturés), soit un quart des effectifs engagés dans la bataille. Les pertes de la Confédération sudiste s'élèvent de leur côté à 31.000 hommes, soit un tiers de ses effectifs. Quoique indécise, la bataille précipite la retraite du général sudiste Robert Edward Lee.
Peu après, les nordistes commandés par le général Grant s'emparent de la ville de Vicksburg, sur les bords du Mississippi, replaçant le fleuve tout entier sous la souveraineté de Washington. Dans un sursaut, les 19 et 20 septembre 1863, le général confédéré Bragg attire l'armée fédérale dans l'anse de Chickamauga. Mais la résistance du général Thomas évite une déroute à l'armée fédérale.
Inexorablement, l'avantage passe au Nord. En mars 1864, le président Lincoln hisse le général Grant au grade de lieutenant général et lui confie le commandement de toutes les armées fédérales. Avec les 120.000 hommes de l'armée du Potomac, Grant marche contre l'armée de Virginie du Nord, qui ne dépasse pas 60.000 combattants, sous le commandement du général Lee.
Une succession d'engagements, en mai et juin 1864, causent des pertes énormes dans les deux camps, sans apporter d'issue décisive. C'est la campagne du désert («wilderness campaign»).
De son côté, le général Sherman poursuit sa «marche à la mer» à travers la Georgie. Il parcourt 500 kilomètres en 24 jours avec 65.000 hommes. Il brûle tout sur son passage et le 10 décembre 1864, livre Savannah aux flammes.
En guise de bouquet final, Grant s'empare de Richmond, la capitale des Confédérés du Sud. Tandis que le président confédéré Davis s'enfuit piteusement, le président Lincoln y fait une entrée triomphale, acclamé par les esclaves noirs... et quelques pauvres blancs.
Lee n'a plus avec lui que 26.000 hommes affamés et dépenaillés. Acculé à proximité de Richmond par les forces des généraux Grant et Sheridan, il tente une ultime sortie près du village d'Appomatox Court House. Battu, il se rend à Grant, avec de généreuses conditions pour ses hommes, autorisés à démobiliser avec chevaux et mules.
Le bilan de la guerre de Sécession s'avère très lourd. Les combats ont au total mobilisé quatre millions de combattants. Ils ont fait 359.000 morts chez les vainqueurs nordistes et 258.000 «seulement» chez les Sudistes.
Les généraux nordistes, forts d'une écrasante supériorité numérique, n'ont pas eu de grands scrupules à lancer de sanglantes offensives. À l'opposé, le commandement sudiste, excellemment formé et conscient de son infériorité numérique, a davantage ménagé le sang de ses hommes.
Aux pertes militaires s'ajoutent quelques centaines de milliers de victimes civiles. Ainsi, la guerre la plus dure qu'aient jamais livrée les États-Unis aura été une guerre civile. Elle aura fait plus de victimes américaines que toutes les guerres du XXe siècle, y compris les deux guerres mondiales !...
Le président Abraham Lincoln reçoit la capitulation de l'ennemi quelques jours après avoir été réinstallé à la Maison Blanche pour un deuxième mandat. Il se prépare à réconcilier le Sud et le Nord avec charité et sans esprit de vengeance mais la mort va l'en empêcher.
Eu égard à ces événements peut-on dire que la Guerre Civile aux USA ait réellement été une sécession acceptée par le droit international, une exception au principe de l'interdiction?
Nous n'en sommes pas réellement convaincus.
L'histoire américaine semble plutôt montrer que le Sud était réellement soumis et exploité, notamment sa population noire qui était tout aussi discriminée tout en étant en grande majorité. Or, comme on l'a déjà indiqué dans les articles précédents, la discrimination, la domination et la colonisation sont des raisons qui autorisent une part de la population à revendiquer ses droits à l'autonomie. Les tentatives sécessionnistes, dans un tel cas, ne sont pas contraires à l'ordre international tel que conçu aujourd'hui.
Par conséquent, la Guerre civile américaine ne constitue pas un bon exemple, malgré des opinions divergentes sur ce point, pour affirmer que l'interdiction de sécession ne constitue en réalité qu'in interdit de principe.
Il faudra alors chercher dans des exemples plus récents pour démontrer comment le droit international prenne simplement acte de situations nées d'une séparation alors même qu'elle était interdite.
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