Vents de guerre dans le ciel italien: un référendum vers l'autonomie?

Brouillard en Italie du Nord. Le 22 octobre prochain, le référendum pour deux régions du Nord de l'Italie cause pas mal de doutes et peurs... notamment après l'actuelle tentative sécessionniste catalane...

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Essayons d'y voir plus clairement...

Le 22 octobre en Lombardie et Vénétie, deux régions de la Padanie italienne, un référendum consultatif aura lieu afin d'interroger la population de ces deux régions sur leur souhait d'obtenir plus d'autonomie.

 L'heure d'une possible sécession est-elle arrivée aussi pour ces deux régions italiennes? Le référendum est-il la réalisation du rêve d'une Padanie indépendante?

Rien de tout cela.

Les deux gouverneurs de la "Lega"demandent à leurs citoyens s'ils sont favorables à davantage d'autonomie dans les deux régions.

Si le OUI gagnait, Lombardie et Vénétie obtiendraient-elles alors plus d'autonomie? Et si oui, comment?

La réponse est encore une fois négative. Non, parce qu'elles ne deviendraient pas des régions autonomes comme par exemple la Sicile. En effet, il ne s'agit en l'espèce que d'un référendum consultatif, donc sans force de loi.

Pourquoi ces italiens devraient-ils alors voter?

Le référendum du 22 octobre 2017 est un référendum consultatif avec une seule valeur politique. Roberto Maroni et Luca Zaia, les deux gouverneurs de ces deux régions souhaitent l'utiliser comme moyen de pression sur la table des négociations avec l'actuel gouvernement, afin de demander plus d'autonomie, notamment en matière fiscale.

Les deux hommes de la "Lega" n'auraient réellement besoin d'un mandat populaire mais entendent exploiter l'éventuelle victoire du oui et la haute participation populaire afin de conférer davantage de poids politique à leur initiative et de leu conférer ainsi une valeur démocratique.

Les des référendums consultatifs demandent la concession d'une majeure autonomie de l'État central italien, en regardant le modèle des cinq région déjà à statut spécial qui sont la Sardaigne, la Sicile, la Vallée d'Aoste, le Frioul, et le Trentin. Aucune sécession ou aucune violation de l'ordonnancement constitutionnel donc: seulement une consultation populaire.

La Constitution italienne prévoit que toutes les régions peuvent demander au Gouvernement davantage de domaines de compétences. Et c'est bien sur cette possibilité constitutionnelle que se fondent les deux consultations populaires. Cette norme, prévue à l'article 116, Titre V, de la Constitution, concernant l'ordonnancement de l'État et ses rapports avec les régions, sera utilisée à cette occasion pour la première fois.

La procédure pour la requête d'une majeure autonomie peut être lancée par toute région. Une fois l'accord de l'État obtenu, cet accord devra être approuvé par les deux chambres, "Camera ces deputati" et "Senato", à la majorité absolue.

La question soumise à consultation populaire est la suivante.

En Lombardie: "Voulez-vous que la Région Lombardie, en considération de sa spécialité dans le cadre de l'unité nationale, s'engage dans des initiatives institutionnelles nécessaires afin de demander à l'État l'attribution d'ultérieures formes et conditions particulières d'autonomie, avec les relatives ressources, en application de l'article 116 alinéa 3 de la Constitution (...)?"

En Vénétie, la question est posée en les termes suivants: "Veux-tu qu'à la Région Vénétie soient attribuées d'ultérieures formes et conditions particulières d'autonomie?"

Ce référendum sera le référendum du tablet. En Lombardie on votera par voie électronique  de l'E-voting, expérimenté cette fois en Italie pour la première fois. On utilisera la plateforme digitale de l'entreprise américiane Diebold-Nixdorf, qui s'occupe de production, installation et gestion d'appareil self-service pour le monde bancaire. L'entreprise Manpower aura en charge les opération de recherche, sélection, formation et embauche  de plus de 7 000 Digital Assistants pour les opérations de vote en Lombardie.

Ce référendum coutera environ 50 million d'euros en Lombardie.

Si la réponse populaire sera positive, rien ne changera concrètement.
Le deux régions d'obtiendront pas immédiatement plus d'autonomie, mais les deux gouverneurs pourront utiliser ce mandat populaire pour débuter des négociations.

Si la réponse était négative, rien ne changera non plus et cela n'empêchera pas non plus les deux gouverneurs, cette fois sans mandat populaire, d'engager des négociations avec Palazzo Chigi.

Dans les deux régions, presque toutes les formations politiques sont en train d'inviter la population à voter favorablement. Même le Movimento 5 Stelle semblerait être favorable à une réponse positive de la consultation, contrairement à la Gauche italienne selon laquelle il s'agirait d'une tricherie politique car cette votation n'aura réellement aucune incidence.

Ce qui est certain c'est que ce référendum a un cout assez élevé et dans une ambiance tendue comme celle de ces derniers jours en Europe, en raison de la probable sécession et confusion en Espagne, il instaure un climat de confusion et d'incompréhension. Surtout au regard de sa faible valeur, ce référendum est très peu compris par l'opinion publique italienne, qui y voit le risque pour une unité nationale déjà assez remise en question économiquement.

Mais la question, à notre avis, est la suivante: l'unité nationale est-elle remise en question davantage par des demandes de compétences autonomes ou par un décalage économique et fonctionnel entre Nord et Sud tel qu'il existe actuellement en Italie?



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