Les obstacles à l'effective attractivité de la Thaïlande dans l'échiquier du Sud-est asiatique

Aujourd'hui, nous allons concentrer notre attention sur l'analyse d'un autre Pays du Sud-est asiatique, la Thaïlande, après le Vietnam.

Ce Pays est en forte expansion économique et est devenu l'une des puissances économiques de la région, grâce à plusieurs facteurs que l'on va analyser, mais malgré cela, il reste à l'écart de l'attractivité internationale.

Les investissements ont en effet baissé énormément dans les trois dernières années, malgré certains efforts faits par le Gouvernement, mais pas satisfaisants.

Voyons les raisons.

La Thaïlande est la deuxième plus grande économie en Asie du Sud-Est après l'Indonésie et, avec un revenu moyen élevé, est une assise économique solide pour ses pays voisins en développement.

Malgré les diverses crises politiques et économiques, les catastrophes naturelles et l'attentat qui a frappé Bangkok en août 2015, l'économie du pays a su surmonter les chocs.

En 2016, l'économie de la Thaïlande a affiché une reprise modeste, avec une croissance économique estimée à environ 3% du PIB et en augmentation à hauteur du 3,3% pour 2017. Cependant, ce taux ne rivalise pas avec la croissance rapide de ses voisins, comme le Vietnam, analysé dans un article précédent, et fait du pays l’économie la plus lente en Asie du Sud-Est.

Si les militaires et leurs alliés ont établi leur contrôle, grâce à une constitution approuvée lors du référendum d'août 2016, les observateurs notent qu'ils n'ont pas réussi à entraîner la reprise économique attendue. Il y a une grande incertitude quant à la capacité de l'armée à gérer l'économie.

Outre la pire sécheresse qui a frappé le pays depuis les 20 dernières années, les dépenses et les investissements sont faibles, le commerce et le tourisme sont en déclin et les préoccupations persistent sur le niveau élevé de la dette des ménages.

Le ralentissement économique chinois et les prix bas des produits de base ont exercé une pression sur les exportations de la Thaïlande. Le budget 2017 comprend un plan détaillé visant à stimuler la compétitivité de la Thaïlande avec un large éventail de projets d'investissement.

La mort du roi Bhumibol Adulyadej le 13 octobre 2016, après un règne de 70 ans, a aggravé l'incertitude politique. Des incertitudes persistent sur l'effective application de la démocratie et sur le respect des droits.

Des progrès importants ont été réalisés en termes de développement et la pauvreté a diminué au cours des dernières décennies. De même, le taux de chômage reste faible à hauteur d'environ le 1,2%.

Au niveau du commerce international, et de l'ouverture de ce pays vers une libéralisation et vers le libre échange mondial, il faut savoir que la Thaïlande est une économie émergente qui dépend fortement des exportations, celles-ci comptant pour plus des deux tiers du PIB.
Elle est un membre actif de l'ASEAN et est très ouverte au commerce international, qui représente près de 123% du PIB, selon les données OMC de 2016.

Les trois principaux partenaires d'exportation du pays sont les États-Unis, la Chine et le Japon et les principaux produits d'exportation sont les équipements électriques, électroniques, les machines, les véhicules, le caoutchouc et les plastiques, alors qu'à l'importation, les principaux partenaires sont la Chine, le Japon, les États-Unis, la Malaisie et les Emirats arabes unis. La Thaïlande importe principalement des équipements électriques et électroniques, des combustibles minéraux et du pétrole, des machines, du fer, de l'acier et des matières plastiques.

Selon l'OMC, le pays est le 24e exportateur et importateur le plus important au monde.

Ceci n'est toutefois suffisant.

Le Pays attire très peu d'investissements étrangers et ceux qui y étaient, dans les trois dernières années, ont quitté en masse le pays.

En effet, malgré des points forts comme la main d'œuvre qualifiée dans de nombreux secteurs, une situation stratégique au cœur de l'Asie (le pays sert de porte d'entrée vers l'Asie du Sud-Est et la région du Grand Bassin du Mékong, où les nouveaux marchés émergents ont de grands potentiels économiques), une politique gouvernementale en faveur de l'investissement et de la promotion du libre-échange, l'existence de nombreuses agences gouvernementales qui viennent en aide aux investisseurs, un régime d'investissement en conformité totale avec les règles de l'OMC, la Thaïlande n'est pas attractive pour les investisseurs directs étrangers et les IDE ne décollent point.

Parmi les facteurs entravant l'investissement étranger les principales causes sont à retrouver dans le manque d'infrastructures, dans la pénurie de travailleurs qualifiés, dans le piratage et la contrefaçon largement diffusés, mais surtout dans l'incertitude politique et démocratique.

Le Gouvernement a pris des mesures telles que le Board of Investment de Thailande (BOI) pour offrir une série d’incitations dans six secteurs industriels, notamment huit années d’exonération fiscale pour les sociétés, 50% de réduction d’impôt sur les sociétés pendant 5 ans, double déduction du transport, électricité et frais d’approvisionnement ainsi que 25% de déduction sur les bénéfices nets pour les frais d’installation et les coûts de construction. Les 6 secteurs visés sont l'agriculture et l'agroalimentaire, les énergies renouvelables et alternatives, l'automobile, l'électronique et les technologies de l'information et de la communication (TIC), la mode et enfin les services à haute valeur ajoutée, comme les loisirs, la santé et le tourisme.

Le BOI a également relancé des mesures contribuant à accroître les liquidités des entreprises. Par ailleurs, il peut proposer des exemptions de taxes d’importation sur les matières premières requises pour la production destinée à l’export.

En décembre 2014, le Conseil thaïlandais pour l'investissement (BOI) a approuvé la "Stratégie de sept ans pour la promotion des investissements" (2015-2021). Cette nouvelle stratégie concerne les investissements qui ont un effet positif sur la société et l'environnement. Elle donne la priorité aux industries technologiques et créatives, ainsi qu'aux industries de services qui soutiennent le développement de l'économie numérique et aux activités qui utilisent des ressources locales.

Mais malgré ces efforts, une importante chute des IDE a été remarquée dans les trois dernières années. Le Gouvernement semble en effet ne pas vouloir abandonner sa poilue assez nationaliste, imposant aussi des taxes élevées dans certains secteurs protégés, notamment en matière alimentaire et de boissons, qui n'incitent pas les grands groupes à produire sur place. Ainsi grand nombre d'entreprises ont préféré partir laissant comme seule alternative l'importation de ces produits.

Le fait que certains types d'activités soient réservés aux ressortissants thaïlandais fait toujours peur, peur des nationalisations, de mesures protectionnistes, ou de la hausse ou de la création soudaine de nouvelles taxes. En effet, les investissements étrangers dans ces entreprises doivent représenter moins de 50% du capital, sauf autorisation spéciale ou autrement exemption. Si en Vietnam un investisseur peut acheter des terres, par exemple, en Thaïlande cela n'est pas possible en raison de taxes existantes qui ont pour but de décourager les investisseurs étrangers.

En outre, du point de vue politique, la Thaïlande est gouvernée par une monarchie constitutionnelle. Le Roi est le chef de l'Etat et la monarchie est héréditaire. Le Roi a peu de pouvoirs directs mais il jouit d'un respect populaire immense et d'une grande autorité morale. Il lui est arrivé d'en faire usage pour résoudre des crises politiques qui menaçaient la stabilité du pays. Le Premier Ministre est le chef du gouvernement et il détient le pouvoir exécutif, y compris l'exécution de la loi et la direction des affaires courantes. D’après la nouvelle Constitution approuvée en août 2016, un individu non membre du Parlement peut devenir Premier Ministre. Le Conseil des Ministres est nommé par le Roi sur la recommandation du Premier Ministre.
Les 76 provinces de la Thaïlande sont chacune administrées par un Gouverneur nommé et divisées en circonscriptions, sous-circonscriptions (tambons) et villages.

Le pouvoir militaire est toutefois très fort, les droits de l'homme ne sont pas tout à fait garantis (il suffit de penser aux prisons thaï et à leur renommée).

La forte conception nationaliste, selon laquelle un étranger est toujours un étranger et ne peut pas être considéré comme un concitoyen ou au même niveau que ce dernier, est sûrement l'un des premiers facteurs de dissuasion.

Et tant que cette mentalité ne changera, la situation ne pourra pas réellement se modifier. Il ne faut pas oublier que pour qu'un pays puisse être réellement attractif, l'ensemble de ces facteurs doivent converger vers la même direction, ce qui ne semble pas être le cas en l'espèce.

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