L'ALENA, un modèle d'intégration?

L'ALENA, accord de libre échange en Amérique du Nord, entre Etats-Unis, Mexique et Canada, est une entente sur la libéralisation des échanges entre ces trois pays, mais son champ d'application ne se limite guère à cela. Le but initial de l'ALENA était d'éliminer les obstacles au commerce de produits et services, de favoriser la concurrence loyale et augmenter les investissements privés étrangers, tout en assurant la protection et le respect des droits de propriété intellectuelle, en établissant une procédure pour la mise en oeuvre et l'application de l'accord et en créant une coopération trilatérale, régionale, multilatérale poussée.

L'ALENA est donc un modèle hybride d'intégration car il s'agit d'un accord qui, en plus de créer une zone de libre échange, libéralise la circulation des capitaux et fixe les règles sur les matières premières, sur l'échange de services et sur la propriété intellectuelle, sans rien préciser sur la circulation des personnes ou sans corriger les inégalités de développement et les déséquilibres régionaux fortement présents entre les trois Etats.
Il s'agit donc d'un accord basé sur une conception très libérale où aucun mécanisme correcteur n'est prévu et tout est laissé au libre jeu des forces du marché, un contrat commercial typiquement nord américain et pour l'Amérique du Nord exclusivement, avec lequel les Etats-Unis offrent des garanties pour l'accès à leur marché, alors que le Canada et le Mexique, en contrepartie, harmonisent leurs politiques économiques pour créer un environnement économique uniforme. 

Dès sont entrée en vigueur en 1994, la libéralisation des investissements s'est faite progressivement, la restriction aux échanges a été éliminée pour dix ans et aux échanges agricoles pour 15 ans et on a pu assister à une forte progression des échanges entre Canada et Mexique. 
Mais le bilan est plutôt mitigé sur le plan politique et social, car un très fort écart salarial existe encore entre les trois pays, ainsi que la convergence entre leurs économies. De plus, le déficit commercial étasunien ne cesse de se creuser et on assiste à une montée en puissance de l'opposition au libre échange. 

L'existence du Traité n'a d'ailleurs par empêché la création d'une muraille défensive à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique et à un durcissement de la politique migratoire des Etats-Unis, même à l'égard du Canada, après les attentats du 11 septembre 2001, considéré trop laxiste dans sa politique frontalière.

Le problème de l'immigration demeure aujourd'hui le premier obstacle à ce que l'ALENA puisse devenir un véritable accord d'intégration, à l'instar de l'Union Européenne.

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