La Syrie, révélation des fragiles équilibres internationaux


La Syrie connaît une crise interne depuis 2011, cette dernière a mutée. Prenant d'abord ses racines dans l'opposition au régime en place, celui de Bachar El Assad, pour devenir une crise d'ordre mondial à l'horizon de cette année 2015.

 

Bien que des tentatives pour pallier à l'instabilité du pays aient étés recherchées par la communauté internationale, la crise reste un sujet d'actualité et d'ampleur internationale aujourd'hui. En effet, autant Genève I que Genève II se sont révélés des échecs. Le premier par un manque de cohésion dans l'opposition, le second par la réélection de Bachar el Assad.

 

Après quatre longues années de conflits, la question syrienne soulève d'avantage la nécessité d'une intervention humanitaire qu'une nécessité de résoudre cette crise de manière politique. Les principaux défis sont ici les besoins humanitaires en eux-mêmes à savoir les premiers soins, les médicaments mais aussi l'organisation d'une aide sanitaire et alimentaire.

De plus l'intensité des combats et la lourdeur des procédures administratives mises en place par le régime syrien endiguent le problème en ce qui concerne les réfugiés, ces derniers se massant en Turquie, au Liban, en Cisjordanie et en Irak, rendant ainsi le contexte régional de ses voisins un peu plus instable et délicat.

 

Comment la crise syrienne arrive-t-elle à déstabiliser les équilibres des pays voisins, à influer sur les relations géopolitiques internationales et, par cela, à mettre en évidence la faillite des mécanismes de la gouvernance collective ?

 

Au niveau local

 

La famille Bachar, une minorité alaouite issue d'une branche du chiisme, dirige d'une main de fer le pays depuis 1971. Bien que le père s'appuyait sur une délation et la police secrète, il assurait à travers son sécularisme, la bienveillance des minorités religieuses du pays. Cependant cette légitimité ne lui est pas reconnue par tous.

 

Dès les années 80, les Frères musulmans s’opposent à ce régime laïc et dirigé par une minorité religieuse. En 1982 cette opposition fût réprimandée violemment par le gouvernement, en attaquant le bastion des Frères musulmans.

 

En 2000, l'arrivée de Bachar El Assad, va symboliser la réussite économique du pays et tenter via cette passation de pouvoir, de donner une nouvelle image au régime. L'ouverture d'esprit de Bachar, son côté non traditionnel et son cursus à l'étranger rassurait l'opinion internationale.

 

Bachar va savoir créer des alliances, qui agiront dans la solidité géopolitique. L'influence syrienne au fur et à mesure des années, va jouer un rôle majeur au niveau régional. Pour exemple, la contestation du Hezbollah et du Hamas, qui formeront un mouvement de soutien pour la Syrie dans la tourmente de Beyrouth, au Liban le 8 mars 2005, a permis de mettre en avant les lacunes et défauts du régime libanais.

La vassalisation du Liban va permettre un rôle d'acteur à la Syrie sur la scène internationale. Ce qui va lui permettre de constituer un réseau d'alliance qui sera souvent soutenu par le sentiment antiaméricain afin de garder en lien ces relations. Bachar sera alors vu le point d'équilibre des régimes antagonistes, de telle sorte, que même les États occidentaux reconnaîtront la légitimité et la nécessité de son maintien au pouvoir, car élément stabilisateur du Moyen Orient.

 

Mais alors quels ont étés les facteurs déclencheurs de la crise Syrienne ?

 

Avant tout, la néo-libéralisation du régime économique avait suscité l'illusion et l'espoir au sein de la population. Cette réforme de transition économique avait permis une croissance de 5%. Mais le développement du secteur privé avait eu pour conséquence, en même temps, l'élargissement des inégalités sociales. Cette croissance bénéficiera plus au régime qu'a sa population.

 

A cela s'ajoute une énorme sécheresse durant les années 2000 qui fût un coup terrible pour le secteur agricole, générant un découpage géopolitique au sein du territoire par le mouvement des populations.

 

L’année 2008 va introduire le monde dans une crise économique majeure, période durant laquelle la Syrie va signer un traité de libre-échange avec la Turquie, qui mettra à mal l'industrie multifactorielle syrienne face à l’industrie turque, déjà préparée à cet échange. Cette transition économique ratée d'une économie dirigiste vers un modèle territorial ne va certainement faciliter la cohésion territoriale.

 

Les conditions étant regroupées, une première manifestation en 2011 va faire office d'engrenage à la révolution syrienne. Bien que la contestation s'amplifiait dans le pays, le régime a préféré réprimander que négocier. S'enfermant ainsi dans une situation où aucune sortie diplomatique ne pouvait se faire sans la famille Assad.

 

Au niveau régional et international

 

La communauté internationale refusant l’intervention armée, a préféré tenter l'élaboration de négociations, à travers un premier cycle dit Genève I et un second, dit Genève II. Les deux ont montré qu'aucune solution politique ne pouvait être envisagée en raison de l'isolement de la famille Assad qui n’a voulu négocier sa position au gouvernement. Genève II réaffirmait les mécanismes de Genève I sous la direction de Kofi Annan, mais perdra la corrélation avec le terrain, la crise s'intensifiant et se complexifiant.

 

Ainsi va naître une coalition à Doha sous les auspices des pays du golfe et des puissances occidentales, qui demandera la reconnaissance officielle, le financement et l'armement pour renverser le régime avec lequel elle refuse toute discussion.

Cependant la reconnaissance de cette coalition et de sa légitimité ne va pas être uniforme pour toute la communauté internationale. Bien que cette reconnaissance a été acquise par la ligue Arabe, cela n’a pas été de même pour la France, ne voulant pas répéter ses décisions précoces de la Libye.

 

Cette reconnaissance est difficile, d'autant plus qu'il n y a pas qu'un seul groupe d'opposition principal. On assiste à une suite de groupes rebelles par « procuration », armés et financés par des États, qui violent le principe d'ingérence, de non recours à la force et des résolutions de l'ONU. Ce procédé montre des enjeux régionaux et internationaux bien plus grands que le contexte interne initial.

 

Les différents enjeux

 

L'union Européenne va prendre position surtout sur une aide humanitaire et économique, étant contre toute intervention.

 

Concernant le Moyen Orient, si le régime de Bachar El Assad venait à tomber, cela représenterait un échec de la diplomatie Iranienne, qui utilise la Syrie pour déstabiliser le Liban et peser sur le conflit Israélo-palestinien. Ce mouvement chiite va forcément trouver un adversaire à travers les différents financements issus du Qatar ou de l'Arabie Saoudite, représentante de la toute puissance Sunnite du monde arabe au moyen orient.

 

Pour ce qui concernant la Russie, et dans un contexte plus international, les enjeux sont de trois formes. Tout d'abord elle refuse toute ingérence, elle reste dans sa quête de puissance pour s'opposer à Washington et se sent concernée pour enrayer toute propagation d'un islam radical politique au Caucase. La Russie reste un acteur incontournable au moyen orient, autant dans son soutien au régime de Bachar, dans le transite énergétique vers l’Europe mais aussi dans le dossier nucléaire Iranien.

 

Les intérêts sont donc de tout ordre, interne, régional ou international. Chacun voit dans le dossier syrien quelque chose à perdre ou à gagner. Bien qu'il fût pendant longtemps annoncé que la déstabilisation la plus rapide serait celle du Liban, aujourd'hui nous sommes face  à une situation en Irak bien plus dégradé qu'au Liban dû à l'afflux de réfugiés syriens et l'émergence de l’État Islamique. Tout cela remet en jeu les alliances et les relations qu’on croyait jusqu’aujourd’hui acquises.

 

Le retour au communautarisme religieux a montré un risque évident assez clair. L'internationalisation du conflit est désormais évidente, sous le bras de fer entre la Russie et les USA facilité par une impasse juridique au niveau de la communauté internationale et un retour aux blocs.

 

 

Steve DAHAR

Etudiant de L3 Droit

Résumé de l’atelier d’actualité internationale tenu par Mme Nicolo le samedi 9 mai 2015

 

 

 

 

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