Bref condensé de géopolitique océanique

L'accès aux océans est aujourd'hui à la fois un levier considérable d'influence et de nuisance qui fait l'objet de nombreuses stratégies régionales et locales.
 
 
La géopolitique  océanique se construit sur quatre éléments cardinaux qui sont l'espace, les ressources, le savoir-faire et les forces, et qui, en général, sont en équilibre entre eux.
 
Les puissances en présence sont discordantes. D'une part, les Etats-Unis demeurent la grande puissance globale, grâce à leur hégémonie militaire et à la répartition de leur flotte dans le monde entier. Ils détiennent la Zone Economique Exclusive la plus importante au monde et le plateau continental le plus étendu. Leur politique en matière d'océans est toutefois assez ambiguë. Si, d'une part, ils sont favorables à la protection des milieux marins et leurs ressources vivantes, d'autre part, des raisons stratégiques se cachent souvent derrière leur intérêt pour les fonds sous-marins et leur non ratification de la Convention de Montego Bay en est une illustration éclaircissante.
 
D'autres puissances méritent également attention.
Il y a les puissances continentales, à la découverte des océans, les anciennes puissances impériales, avec une vision régionalisée des océans et les puissances régionales de la "soft power".
 
Les puissances continentales, comme la Russie ou la Chine, sont aujourd'hui un personnage fondamental sur la scène internationale et leur demande d'accès aux océans n'est pas anodine.
 
La Russie, Etat continental, prudent dans son rapport avec les océans garde aujourd'hui une attitude défensive, surtout après la Seconde  Guerre Mondiale, notamment dans le but de défendre l'intégrité territoriale par ses sous-marins nucléaires et entend maintenir une connexion entre sa façade maritime, Suez, la Méditerranée et l'Océan indien. Sa stratégie est celle de favoriser l'expansion du communisme à travers sa présence navale et de faire planer sur ses ennemis la menace d'une rupture des lignes océaniques.
 
La Chine, de son côté, a dû faire l'objet de grands changements pour devenir aujourd'hui la deuxième flotte mondiale, dans le but principal de maîtriser l'Océan pacifique occidental. Elle se livre donc à faciliter les escales sur l'Océan indien au nom de la sécurité des importations et de la protection de ses ressortissants.
 
En plus des puissances continentales, la géopolitique océanique voit se développer des puissances nouvelles, régionales, notamment parmi les Etats côtiers de diverses natures. Parmi les Etats côtiers, il y a ceux qui veulent devenir une puissance maritime régionale par leur poids sur l'économie continentale et ceux qui veulent  peser sur une niche fonctionnelle par leur pratique des océans et leur savoir- faire.
Ces puissances régionales sont disparates: Japon, Brésil, Inde...A celles-ci se rajoutent les puissances adeptes de la soft Law, comme la Norvège, avec trois caractéristiques:
- une faible taille
- un poids régional faible
- un rôle spécialisé et mondialisé
- le développement de complexes socio-techniques centrés sur l'exploitation des océans.
 
Deux ex-puissances impériales ont toujours une place importante sur la scène internationale en tant que puissances océaniques: la Grande-Bretagne et la France. Leur histoire est riche grâce à des domaines d'outre-mer imposants et à des espaces maritimes très étendus. La France, par exemple, détient la deuxième Zone Economique Exclusive au monde. Ces deux pays exercent une influence considérable car elles disposent de la dissuasion nucléaire océanique mais leurs intérêts sont différents. Si pour la Grande-Bretagne, l'océan est une forme d'investissement, pour la France, il est davantage une question d'Etat.
 
La recherche d'un équilibre entre les intérêts contrastants de ces puissances est difficile  et demeure toujours un aléa de l'ordre international.

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