Revenons sur la Déclaration du Millénaire et ses objectifs pour 2015...

À l’ère de la globalisation, les questions de développement gagnent en complexité. 

Les grands problèmes comme la pauvreté ou la dégradation de l’environnement ne connaissent pas de frontière. Tous les pays, peuples et organisations sont donc appelés à faire preuve de solidarité. 

Dans cette optique, la coopération multilatérale joue un rôle capital, car elle permet d’unir les efforts des donateurs individuels et de coordonner au mieux les activités au plan politique. 

C’est dans cette perspective que 147 chefs d'Etat et de gouvernement, sur les 189 Etats membres, représentant les pays riches et les pays du sud qui regroupent près de la moitié des 6 milliards de la planète, vivant avec moins de deux dollars par jour, avaient participé, du 6 au 8 septembre 2000, à New York, au Sommet du Millénaire. La réunion s'était terminée par l'adoption de la résolution A/55/2 du 8 septembre 2000, dite "Déclaration du Millénaire" dans laquelle les dirigeants de la planète avaient décidé notamment de réduire de moitié, d'ici à 2015, de la proportion de la population mondiale dont le revenu est inférieur à un dollar par jour, celles des personnes qui souffrent de la faim. Les pays du sud avaient appelé les puissances occidentales à annuler en totalité la dette des pays les plus pauvres. 

La Déclaration affirme que le principal défi à atteindre est de faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour l’humanité entière et donc de réduire le fossé entre pays riches et pauvres, par un meilleur partage des bénéfices de la mondialisation.
Le document fixe aussi, parmi les objectifs à atteindre au cours de la décennie à venir, la réduction des trois quarts de la mortalité maternelle et la diminution des deux tiers de la mortalité des enfants de moins de cinq ans; la mise en place d'un accès facilité à l'éducation de base de tous les enfants de la planète; la maîtrise de la pandémie du sida et du "fléau du paludisme".


A l'issue du Sommet, Kofi Annan, à l'époque secrétaire général de l'organisation, avait souligné l'atmosphère de consensus qui avait prévalu entre les Etats membres au cours de la session avec ces mots: "Je suis frappé par l'extraordinaire convergence de vues sur les défis auxquels nous sommes confrontés, a-t-il remarqué; vous avez dit que votre première priorité est l'éradication de la pauvreté extrême. Vous avez énoncé des objectifs pour y parvenir. [...] Si ces mesures sont vraiment mises en oeuvre, a-t-il ajouté, nous savons tous que le but peut être atteint".
Les chefs des États réunis à l'Onu, comme précisé dans l'article 2 de la Déclaration, ont ainsi reconnu « que, en plus des responsabilités propres que nous devons assumer à l’égard de nos sociétés respectives, nous sommes collectivement tenus de défendre, au niveau mondial, les principes de la dignité humaine, de l’égalité et de l’équité. En tant que dirigeants, nous avons donc des devoirs à l’égard de tous les citoyens du monde, en particulier les personnes les plus vulnérables, et tout spécialement les enfants, à qui l’avenir appartient. ». 
En réaffirmant les buts et principes contenus dans la Charte des Nations unies de 1945, auxquels a été reconnu une valeur universelle qui va au-delà du temps, les leaders mondiaux ont renouvelé leur engagement pour la construction d'une paix juste et durable dans le monde entier, réuni les efforts nécessaires pour affirmer l'égalité souveraine de tous les États, le respect de leur intégrité territoriale et l'indépendance politique, la résolution des différends avec des moyens pacifiques et en conformité avec les principes de la justice et du droit international, le droit à l'autodétermination des peuples qui demeurent sous le contrôle colonial et l'occupation étrangère, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États, le respect pour les droits de l'homme et les libertés fondamentales, le respect pour l'égalité des droits de tous, sans distinctions de race, sexe, langue ou religion et pour la coopération internationale dans la résolution des problèmes internationaux à caractère économique, social, culturel ou humanitaire et donnent un caractère prospectif à ce texte.
 La Déclaration reconnaît la nécessité et l'importance d'une intervention tendant à la progressive harmonisation de la situation globale de la planète, vu que les nations et les peuples sont devenus de plus en plus interconnexes et interdépendants. Dans cette optique, on peut remarquer les mots qui composent l'article 5 de la Déclaration: « Nous sommes convaincus que le principal défi que nous devons relever aujourd’hui est de faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour l’humanité tout entière. Car, si elle offre des possibilités immenses, à l’heure actuelle ses bienfaits sont très inégalement répartis, de même que les charges qu’elle impose. Nous reconnaissons que les pays en développement et les pays en transition doivent surmonter des difficultés particulières pour faire face à ce défi majeur. La mondialisation ne sera donc profitable à tous, de façon équitable, que si un effort important et soutenu est consenti pour bâtir un avenir commun fondé sur la condition que nous partageons en tant qu’êtres humains, dans toute sa diversité. Cet effort doit produire des politiques et des mesures, à l’échelon mondial, qui correspondent aux besoins des pays en développement et des pays en transition et sont formulées et appliquées avec leur participation effective». 
Dans le texte, ensuite, on sélectionne les principaux domaines d'intervention et les valeurs fondamentales de la liberté, l'égalité, tolérance, respect pour la nature et responsabilité partagée, auxquelles de telles interventions doivent s'inspirer. On requiert ainsi le plein engagement face à ces responsabilités de la part de tous les acteurs, afin que les gouvernements des pays en voie de développement  se chargent de promouvoir des réformes et de combattre la corruption interne; afin aussi que les gouvernements des pays plus riches s'engagent à augmenter l'aide publique au développement, en gardant comme objectif principal le seuil de 0,7% du PIB, à améliorer la qualité des aides, éliminer les distorsions et soutenir l'effacement de la dette.
Les 8 objectifs de la Campagne du millénaire définissent les priorités partagées d'intervention, identifiées dans l'élimination de la pauvreté extrême et de la faim, dans la promotion de l'égalité des genres et de l'empowerment des femmes, dans l'achèvement de l'instruction primaire universelle, dans la réduction du taux de mortalité infantile, dans l'amélioration de la santé maternelle, dans la lutte au SIDA, la malarie et autres pandémies, dans l'assurance d'un soutien de l'environnement et dans le développement d'un partenariat global.
C'est donc la définition concrète d'une stratégie d'intervention et qui va contraindre les pays ayant souscrits l'accord à s'engager afin que 2015 ne soit pas seulement une date fixée conventionnellement, mais représente, au contraire, un tournant par rapport aux questions qui ne consentent pas un développement harmonieux et équilibré des conditions de vie sur la planète.
Il s'agissait donc de réaffirmer les valeurs devant régir les relations internationales tout au long du 21e siècle.
Les 8 objectifs ne sont pas, cependant, des propositions tout à fait nouvelles, ni se posent comme une solution définitive aux problèmes liés à la pauvreté dans le monde,  en raison de leur caractère peu opératoire et parfois pas trop pertinent, mais ont toutefois des mérites importants. Ils éclairent d'abord les priorités, aident à souligner le secteurs centraux d'intervention, en faisant remarquer notamment l'importance de la qualité et de la quantité de l'aide. 
Ils fixent ensuite une échéance temporelle pour accomplir les objectifs stipulés et qui est 2015. La société civile organisée, les organismes de coopération internationale et d'aide humanitaire ainsi que les particuliers pourront évaluer les procédés concrets accomplis au fur et à mesure et, éventuellement, signaler et dénoncer les retards et les objectifs manqués. Les objectifs, pour être accomplis, doivent être encadrés dans un partnership global pour le développement, c'est-à-dire une alliance mondiale où tous les pays sont réciproquement engagés dans le respect de certains principes essentiels tels que la souveraineté économique, la participation aux progrès démocratiques, la reconnaissance des droits fondamentaux  pour tous, la justice sociale, l'attention pour les vulnérabilités sociales et environnementales et la prévention des conflits.  
A partir du moment où la Déclaration a été adoptée par 189 États, toute personne de tout peuple pouvait contribuer à stimuler son propre gouvernement et ses propres institutions à réaliser les politiques et les choix nécessaires à l'accomplissement des OMD.  
Mais qu'en est-il des efforts faits dans le cadre de cette Déclaration aujourd'hui? Quelle est la valeur de ce texte aujourd'hui, à la lumière des textes nouveaux, notamment du consensus lors de la COP21 et de la Charte signée à Milan lors de l'expo 2015?

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