Terrorisme en Turquie: voie ouverte à une guerre civile?

Encore une fois la Turquie a été frappée durement par des attaques terroristes accablantes. La politique voulue par Erdogan de lutte contre le terrorisme ne semble guère avoir été productive et satisfaisante, mais bien au contraire il a fini par affaiblir l'État turque en le rendant vulnérable.

Déjà affaibli depuis 30 ans par la lutte contre les révoltes kurdes qui ont causé environ 40.000 morts et déstabilisé la région du sud-est, ce conflit s'est, depuis quelques années, répandu dans le reste du pays, en généralisant la déstabilisation à l'intégralité du pays et en affaiblissant les capacités défensives internes de l'État, surtout dans des villes comme Istanbul ou Ankara, en ouvrant une forme dissimulée de guerre civile interne et en laissant les portes ouvertes aux infiltrations terroristes.

De surcroît, la politique contradictoire et changeante du Président Erdogan, une fois ouverte à l'Isis, une fois favorable aux relations avec la Russie contre le même Isis, ne semble pas aller dans le sens d'un équilibre et d'une cohérence diplomatique ou d'un apaisement des relations internationales dans cette région du monde aujourd'hui particulièrement chaude. Il suffit de rappeler qu'en novembre 2015, les deux puissances étaient dans une position diamétralement opposée au regard de la Syrie.
Aujourd'hui, elles semblent, au contraire, aller dans la même direction, après s'être entendu sur une répartition possible: Alep aux russes, al-Bab aux turques.

Toutefois, victime des ses propres mégalomanies et paranoïas, Erdogan finit par fragiliser l'État que lui-même dit vouloir protéger et ce problème dépasse  les frontières turques pour devenir une question internationale particulièrement délicate. La porte ouverte au terrorisme et aux attaques de l'Isis, grâce à la latente guerre civile turque, fragilise également les États européens et les alliances construites jusqu'à aujourd'hui.

Il est bien connu que, sur la scène internationale, toute guerre civile interne risque de devenir une allumette pour les régions limitrophes. Ce risque n'est pas anodin dans une période de fragilité générale causée par le développement de nouveaux phénomènes difficiles à encadrer et prévenir, comme le terrorisme. Les guerres n'ont plus, aujourd'hui, la même fonction et la même forme.
On parle des guerres asymétriques à juste titre, car les États ne luttent plus contre d'autres États, également souverains, mais contre des entités inconnues, juridiquement indéfinissables et irresponsables, difficilement retraçables et identifiables géographiquement, économiquement extrêmement puissantes, fortes d'alliances inconnues.

Une situation si délicate en Turquie et dans le monde, par conséquent, risque de porter atteinte à l'intégralité des relations diplomatiques internationales, à la paix et à la sécurité et de fragiliser le système européen et international d'intelligence, qui dépasse les frontières d'un seul État...





Pour un autre regard critique sur la question turque, lire aussi en format ebook :
Futuro di sangue e lacrime, de Aldo Ciappa
http://www.nicoloeditions.com/futuro-di-sangue-e-lacrime

ou Quel printemps arabe?, ouvrage collectif sur les situation au Moyen Orient:
http://www.nicoloeditions.com/quel-printemps-arabe 




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La méthode "des petits pas" de la construction européenne

Le principe de l'utilisation non dommageable du territoire, un principe presque inconnu ou souvent négligé

Sur quoi se fonde le droit international public?